28/09/2021

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Avec plus ou moins de succès, de tout temps l’homme s’est inspiré de la nature pour parvenir à ses fins. La sangsue a ainsi, durant un temps, remplacé les chirurgiens et notre commune en assurait la production.

L’hirudiniculture est un mot peu utilisé aujourd’hui, et pour cause, il s’agit de l’élevage des sangsues. Ces petits vers annelés vivent principalement dans les étangs et autres cours d’eau lents. Ce sont des parasites temporaires des vertébrés, qui se nourrissent du sang. Ce régime alimentaire a valu durant 2000 ans à la sangsue de faire partie de la panoplie des soins médicinaux. Durant la révolution française, faute de chirurgiens, les sangsues étaient utilisées pour pratiquer les saignées. Au XIXe siècle, l’engouement des médecins et du public pour la sangsue contribue à la surexploitation de la ressource, et son prix flambe.
 
C’est alors que l’hirudiniculture est née et que la sangsue a donc été élevée notamment à Saint-Arnoult-en-Yvelines.
 
Cette information a été recueillie puis publiée dans un bulletin de la Société Historique de Saint-Arnoult-en-Yvelines suite à l’étude réalisée par deux de ses membres, Jackie et Louis Croisier. Tout part de l’ouvrage d’Auguste Jourdier de 1856 intitulé « la pisculture et la production de sangsues ».  On y apprend ceci : « Parmi les éleveurs de sangsues, l’un de ceux qui ont le plus fait pour cette industrie, basée sur des procédés artificiels, est sans contredit M. Borne de Saint-Arnoult (Seine-et-Oise). Doué d’un grand esprit d’observation, cet homme, aussi modeste qu’intelligent, a su, en quelques années, créer un établissement qui peut être pris pour modèle. Tel est l’éloge qu’en fait M. Soubeiran* ».

Aujourd’hui, on ne trouve plus trace de cette exploitation sur la commune.
 
Depuis, la sangsue a été victime de l’assèchement de son habitat et de la pollution. Pour autant, elle est encore élevée par des laboratoires en France, Angleterre, Allemagne et Russie pour quelques usages médicinaux.  
En France, la sangsue est élevée sur les rives du Bassin d’Arcachon, par Brigitte Latrille, trois fois championne olympique de fleuret dans les années 80. Elle a ainsi repris en 1993, le laboratoire Ricarimpex qui se transmettait alors de père en fils depuis 1885. Elle fournit aujourd’hui 10 000 à 20 000 sangsues aux hôpitaux français. La sangsue est une alliée en chirurgie réparatrice, notamment en matière de greffe de la peau.
 
* Eugène Soubeiran pharmacien français (1797 – 1859).

Sources : Ouvrages de la Société Historique et Archéologique de Saint-Arnoult-en-Yvelines et Le Figaro/ Économie.