16/03/2021

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Aujourd’hui moins répandu qu’au moyen-âge, le cuir constituait la matière première en période de guerre pour les protections des guerriers, les fourreaux d’armes, les harnais des chevaux, les bottes, les gants et les courroies, autant d’usages que l’on retrouvait également en temps de paix au quotidien.

Pour produire le cuir, notre commune a compté jusqu’à 8 tanneries. Elles contribuaient à en faire une ville riche et donc souvent attaquée. C’est pour la protéger que François 1er a autorisé ses habitants à s’entourer de remparts.
 
À Saint-Arnoult-en-Yvelines, nous avions tout pour faire des cuirs : l’eau de la Rémarde, le tan des chênes de la forêt Saint-Benoît, la chaux fournie par les chaufourniers et les peaux de divers animaux vendus par les bouchers locaux, dont la viande nourrissait les touristes hébergés dans les 57 auberges que comptait notre commune à l’époque.
 
Le travail à la tannerie était dur. Les peaux étaient trempées durant deux jours dans l’eau de la Rémarde et agitées plusieurs fois par jour avant d’être raclées énergiquement pour les débarrasser de l’épiderme, de la graisse, des poils…

Ensuite, elles séjournaient dans des cuves en pierre remplies d’eau et de chaux. Le travail se faisait à mains nues.
 
De nouveau raclés, les cuirs crachaient toutes sortes de résidus appelés « la bourre » revendue aux bourreliers pour rembourrer les harnais ou aux corroyés pour fabriquer des courroies.
 
Rincées en permanence pour ne pas durcir, les peaux rejoignaient des fosses enterrées pour les trois opérations de tannage. Elles pouvaient s’étaler sur deux années. Le tannin végétal, l’écorce de chêne, était produit par les moulins situés sur la Rémarde, alors que le tannage organique provenait de l’urine des tanneuses. Le tan empêchait la peau de pourrir.
 
Une fois séchées, les peaux devenus cuirs, pouvaient être commercialisés.

L’orgueil des tanneurs arnolphiens a été de fournir le cuir destiné aux gants de Napoléon III, car il était le plus souple et le plus blanc, des qualités conséquentes au tannin organique.
 
Un beau marché pour nos tanneurs, pour peu que les courtisans de l’Empereur souhaitaient également enfiler des gants de même qualité. Nos influenceurs d’aujourd’hui, n’ont rien inventé.

L’industrie du cuir a été l’employeur majeur de notre commune durant 500 ans. Elle comptait jusqu’à 200 ouvriers pour 8 tanneries. Elles fermèrent les unes après les autres. La dernière a arrêté sa production vers 1920. Elle était située au 30 rue Basse. Certains maîtres-tanneurs étaient des notables et même des maires : Mounoury, Ferry, Dubau, Lucas, Emery et Duguet.

Sources : Ouvrages de la Société Historique et Archéologique de Saint-Arnoult-en-Yvelines.