20/08/2025

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Ils sont les plus anciens habitants de la rue du Pot d’Étain, où ils ont fait construire en 1972. Originaires de l’Orne, Annick et Bernard Henriet font aussi preuve de longévité en amour. Un attachement à l’un et l’autre qu’ils ont souhaité marquer par un retour devant Mme le Maire le 12 juillet 2025 pour fêter leurs noces de diamant.

Né à Semallé, dont il garde fièrement dans son jardin l’un des trois panneaux patronymiques de cette petite ville de la Sarthe présents à l’époque sur la gare, Bernard Henriet est fils de cultivateurs. « Eh oui, on disait cultivateur à l’époque, et non pas paysan ou agriculteur », s’empresse d’insister le fringant jeune homme de 87 ans, à la parole prolixe et à la mémoire des dates exemplaires. Bernard est le 5e enfant d’une fratrie de 7. À Semallé, ses parents étaient à la tête d’une exploitation riche d’une douzaine de vaches, dont les veaux, engraissés, étaient destinés à la boucherie. « Nous avions 3 percherons pour cultiver les terres dont les récoltes nourrissaient les bovins. Mes parents n’avaient pas confiance dans l’école communale. À 6 ans, le 1er octobre 1944, je suis donc rentré en pension et j’en suis ressorti à l’âge de 14 ans avec le certificat d’études, c’était le 30 juin 1952. Je n’étais pas trop mauvais en classe, l’instit voulait me garder. Mais je suis rentré à la ferme, où du 1er juillet 1952 au 1er juillet 1958, j’ai aidé mes parents. J’étais aide familial, pour employer le terme exact. Puis le 4 juillet 1958, j’ai rejoint le drapeau national. C’est à l’armée, le 7 juillet 1958, que j’ai fêté mes 20 ans. Après 4 mois de classe, l’État m’a financé une « croisière en Méditerranée », pour un débarquement à Oran le 4 novembre 1958 et un périple jusqu’à Colomb-Béchar. À la suite d’une infection pulmonaire consécutive au climat algérien, j’ai été rapatrié en France à l’hôpital militaire le 15 mars 1960. Un an plus tard, je suis rentré chez moi en convalescence jusqu’au 1er septembre 1963. Ensuite, le Ministère des anciens combattants m’a financé ma reprise d’études jusqu’au 30 juin 1965 et j’ai obtenu un CAP d’électronique. Dans la foulée, je suis devenu moniteur-professeur en électricité et électronique aux Orphelins Apprentis d’Auteuil. Puis j’ai rejoint la société Engins Matra, qui deviendra plus tard Matra, en avril 1968. J’y effectuerai tout le reste de ma carrière, jusqu’à mon départ à la retraite le 12 juillet 1996 ».

Un couple complice et uni
Toute cette vie, Bernard l’a pour ainsi dire passée en compagnie d’Annick, née Salin sur la commune voisine de Sées. Les parents des deux enfants étaient amis et grands amateurs de pêche. La ferme de Semallé longeait 1,5 km de la rivière Sarthe. Les deux familles et leurs enfants s’y sont souvent retrouvés.
Mais ce n’est finalement que bien plus tard, en 1961, que le couple se forme, à l’occasion du mariage de la sœur d’Annick.
Le beau-père d’Annick est menuisier, et maman veille sur les 5 enfants de la famille recomposée. Annick obtiendra également son « certif » à 14 ans et entamera un apprentissage en imprimerie. Nous sommes en 1958.
Le 10 juillet 1965, le couple officialise son union à Alençon, puis s’installe à Paris, « dans un 7,5 m2 », se souvient Bernard. Annick met à profit son apprentissage pour exercer quelques petits boulots dans différentes imprimeries, avant d’intégrer l’Imprimerie nationale, à la fonction de brocheuse, mais aussi à la préparation des sujets des examens nationaux.
En 1972, le couple rallie Saint-Arnoult-en-Yvelines, où il fait construire une maison rue du Pot d’Étain. De 1981 à 1989, Annick, après avoir quitté l’imprimerie nationale, sera à la tête de la mercerie Phildar, au 5 bis rue Charles-de-Gaulle, actuellement First Pizza. Annick sera ensuite agent commercial dans l’immobilier toujours à Saint-Arnoult-en-Yvelines, avant de retrouver Bernard à la retraite en 2011.
Une retraite que le couple partage autour de leur passion commune pour le jardinage. Bernard aura passé du temps à vivre sa passion pour le vélo, puis le bûcheronnage pour alimenter l’âtre de la maison. Tous deux veillent à la pousse du jardin, dans lequel Bernard est à l’origine de nombreuses boutures, greffes. Le couple veille également sur le bac à poissons, alimenté en eau par la toiture de la maison. Le couple est aussi un point de ralliement pour les anciens du quartier. « À une époque, tout le monde s’entraidait dans le quartier. Aujourd’hui, c’est moins vrai, mais nous avons encore de nombreux amis dans la rue », se réjouit le couple. 

Une vie bien remplie
Le 12 juillet, Annick et Bernard ont donc renouvelé leurs vœux de mariage autour de leur famille, dont leur fils Éric, né en 1967, de leurs amis et voisins.
Très attentif aux dates, il n’aura pas échappé à Bernard, qu’entre le 12 juillet 1996 et le 12 juillet 2025, cela a fait très exactement 29 ans qu’il savoure le bonheur de la retraite, et qu’étant né le 7 juillet 1938, cela représente donc déjà un tiers de sa vie passé à la retraite. Elle n’est pas belle la vie ?