24/06/2025

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Le Suivi Temporel des Libellules (STELI) est un programme de sciences participatives co-piloté par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) et le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais. Il vise à suivre l’évolution des populations d’odonates (libellules et demoiselles) en France, afin d’identifier leurs variations démographiques et d’en comprendre les causes. Le parc de l’Aleu fait désormais partie des sites étudiés dans ce cadre.

Grâce à un protocole précis, le STELI permet de recueillir des données sur la présence et l’abondance des libellules, à partir de relevés répétés sur un transect défini, par temps favorable. Ouvert aux naturalistes amateurs comme aux professionnels, le dispositif autorise plusieurs niveaux de reconnaissance des espèces : du regroupement par familles à l’identification fine.
À Saint-Arnoult-en-Yvelines, ce suivi est assuré par Sébastien Leconte, garde-rivière au service GEMAPI de Rambouillet Territoires, et Romane Barbier-Bouvet, étudiante en première année de BTS Gestion et Protection de la Nature, en stage au service environnement de la commune en mai et juin 2025.

De redoutables bio-indicatrices
En 2010, 93 espèces de libellules étaient recensées en France. En Île-de-France, 59 sont présentes, soit 63 % des espèces françaises.
Les libellules, de l’ordre des Odonates, passent la majeure partie de leur vie à l’état larvaire dans l’eau (plusieurs mois à plusieurs années selon l’espèce). À l’état adulte, elles ne vivent que quelques semaines mais deviennent alors d’efficaces prédatrices d’insectes, capturés en vol à l’aide de leurs puissantes mandibules.
On distingue deux sous-ordres :
- Zygoptères, fines et légères, appelées demoiselles (agrions, caloptéryx, ischnures…). Elles volent délicatement et tiennent leurs ailes repliées sur le corps au repos.
- Anisoptères, les libellules « vraies », trapues et puissantes. Elles tiennent leurs ailes écartées au repos.

Des stratégies de vie variées
La reproduction des libellules est adaptée à leur environnement : les œufs peuvent être déposés à la surface de l’eau, sur des plantes immergées ou en hauteur. Toutes les larves sont aquatiques et prédatrices.
Exemple local : Pyrrhosoma nymphula, la petite nymphe au corps de feu
Après l’accouplement, le mâle reste accroché à la femelle, qui pond en descendant le long d’une tige immergée. Chaque œuf est soigneusement inséré dans un petit trou creusé dans la plante. La larve, camouflée dans la vase, effectuera 9 mues en 10 mois. Dotée d’un masque préhensile (le labium), elle projette cette mâchoire articulée pour capturer ses proies.
Au moment de sa métamorphose, la larve grimpe sur une tige pour quitter l’eau et devenir adulte. Une transformation risquée, à la merci des prédateurs. La durée de la phase larvaire varie fortement : de quelques mois à plus de 5 ans.

Un cycle de vie bien visible… pour qui sait observer
Autour des mares, on peut repérer les exuvies, ces enveloppes vides laissées par les larves lors de leur métamorphose. Témoins discrets mais fascinants, elles marquent le passage de la vie aquatique à la vie aérienne.

La ripisylve, un écosystème indispensable
Les libellules vivent dans tout type de milieux humides - eaux stagnantes ou courantes - à condition que les rives soient végétalisées. Les adultes, même s’ils s’éloignent pour chasser, restent dépendants de la présence d’eau pour la reproduction.

Des indicateurs précieux de l’état des milieux naturels
Le nombre limité d’espèces et les nombreuses études menées font des libellules de très bons bio-indicateurs. Leur présence dépend de la qualité de l’eau, de la végétation des berges et de l’absence de polluants ou d’espèces invasives (comme l’écrevisse américaine, prédatrice des larves).
Le mercredi 25 juin, un relevé a été effectué en présence du public.
Les résultats du protocole seront présentés prochainement sur les panneaux du parcours pédagogique conçu par Romane dans le parc de l’Aleu.

Pour aller plus loin
Consultez la liste et le statut des Odonates d’Île-de-France (Société française d’Odonatologie)

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