25/03/2025
« Une retraite n’est pas une étape anodine dans la vie ; elle se prépare. » L’Éclair n’a pas demandé à Jean-Pierre Perthuis comment il s’était préparé à cette échéance, qui s’est d’ailleurs imposée à lui il y a presque 30 ans, tant ce personnage n’a eu de cesse de se mettre au service des autres par son engagement dans la vie associative de la commune.
Né en août 1940 à Fontainebleau, alors en zone occupée, Jean-Pierre a été élevé par son père dès l’âge de 14 ans à Saint-Maur-des-Fossés, après une enfance heureuse au sein d’une famille de substitution près de Chartres. Soucieux de l’avenir de son fils, son père l’inscrit alors à une formation de sténodactylo - aide-comptable. « Mon père était charcutier à son compte. Il souhaitait avant tout que je sache gérer les affaires. J’ai obtenu mon CAP, sans mention, à son grand désarroi. Ce n’était jamais assez bien à ses yeux. Dans la foulée, j’ai ensuite passé, en une année, un CAP de charcutier par le biais de l’apprentissage. Cette profession ne me déplaisait pas. J’ai obtenu le diplôme avec une mention. Mais pas “très bien”, me reprochera mon père », confie Jean-Pierre.
À 17 ans, le jeune charcutier exerce dans différentes charcuteries. « À l’époque, on ne s’embêtait pas à solliciter son patron pour une augmentation, il suffisait d’en changer pour gagner plus. » À 20 ans, Jean-Pierre est envoyé sous les drapeaux pour une période de 23 mois en Algérie.
En 1963, de retour en métropole, il accepte l’invitation d’une amie à se rendre à son mariage. Celle-ci le place à la table d’une couturière de quatre ans son aînée, Micheline Coutadeur, de Saint-Maur-des-Fossés. Bien lui en a pris.
Jean-Pierre et Micheline se marient à leur tour en 1964, et l’amie commune, l’amie de toujours, aura vu naître successivement leurs deux fils, Patrick en 1966 et Franck en 1968.
En 1965, Micheline abandonne les aiguilles et, après une formation de 6 mois pour maîtriser les ficelles de la vente, assiste son époux dans la charcuterie qu’ils ouvrent à Versailles. Pendant que Jean-Pierre prépare jambon, saucisson, pâté et autres charcuteries, Micheline sert les clients. « Nous étions dans un quartier ouvrier de Versailles. Nous avions une bonne clientèle, agréable. »
Puis, en 1980, le couple vend la boutique, quitte le logement situé au-dessus, et s’installe à Saint-Arnoult-en-Yvelines dans la maison construite sur le terrain acquis quatre ans plus tôt, à proximité du parc de l’Aleu. D’ailleurs, encore aujourd’hui, le jardin de la résidence familiale s’intègre parfaitement au parc public.
Le couple embrasse alors une nouvelle carrière de marchands ambulants, en tant que tripiers sur les marchés. Chacun dispose de ses emplacements : Micheline est présente à Rambouillet le samedi, au Mesnil-Saint-Denis les jeudis et dimanches, et à Plaisir les mardis et vendredis. Quant à Jean-Pierre, son emploi du temps, en plus des préparations et des deux allers-retours par semaine à Rungis, se partage entre les marchés de Chaville les dimanches et jeudis, puis ceux de Bois-d’Arcy les mercredis et samedis. Autant dire que la vie du couple est bien chargée. Tout au plus, Jean-Pierre, alors adhérent au club de pêche local des Amis de l’Hameçon, s’accorde-t-il de temps en temps un moment de répit pour tremper la ligne dans le plan d’eau de l’Aleu, pendant que Micheline veille sur les deux garçons.
Puis, un jour de 1997, alors que les médias faisaient état de l’émergence de la maladie de la vache folle, nos deux tripiers voient, du jour au lendemain, fondre leur chiffre d’affaires. « De retour de notre marché respectif, nous enregistrions chacun une perte de 70 % de notre chiffre d’affaires. Nous avions plus de dépenses que de recettes. Nous avons alors décidé de cesser et d’anticiper le moment de la retraite », se remémore le couple.
C’est alors qu’une autre vie a débuté, celle que les Arnolphiennes et Arnolphiens également impliqués dans la vie associative de la commune connaissent bien. Car s’ils n’avaient pas pu répondre aux nombreuses sollicitations pour s’investir dans les activités des associations durant ce qu’on appelle la “vie active”, Jean-Pierre, toujours épaulé par Micheline au quotidien, a multiplié les casquettes. « À la demande de la secrétaire du maire de l’époque, Mme Mathieu, j’ai installé la téléalarme chez les personnes âgées pour le compte de l’ADMR. J’ai aussi enfilé plus d’une fois le costume de Père Noël pour les enfants des salariés de l’association. Un jour, je me suis laissé convaincre de me rendre à l’assemblée générale des Amis de l’Hameçon ; j’en suis ressorti président pour succéder à Fabien Jacques (Jacky) », retrace Jean-Pierre.
En 2024, les Amis de l’Hameçon comptaient plus de 100 adhérents et le calendrier 2025 des manifestations ne comporte rien d’autre que deux rempoissonnements (Aleu et Mare Double), quatre lâchers de truites, deux concours de pêche ainsi qu’un loto, dont le gros lot est un séjour d’une semaine en Vendée… dans le logement même de notre couple de tripiers ambulants, mis à disposition pour l’occasion. En termes d’investissement pour autrui, difficile de faire mieux.
Sauf si on ajoute la participation active de Jean-Pierre et Micheline à la préparation du repas servi aux adhérents du Sarment Arnolphien à l’occasion des vendanges et de la mise en bouteille de la Vigne du Prieuré, dont ils ont aussi contribué à la plantation des 1 200 ceps de Chardonnay, il y a maintenant plus de 20 ans.
L’association Les Amis de l’Hameçon compte également bon nombre de bénévoles précieux. Ils assurent, chaque 13 juillet, la restauration au complexe sportif à l’occasion des festivités de la Fête nationale.
Également ancien combattant, Jean-Pierre ne manque aucun rassemblement patriotique. Depuis près de 10 ans, il est le porte-drapeau de la FNACA.
À respectivement 85 et 89 ans, nos deux valeureux bénévoles méritent un peu de repos et de temps à consacrer à Lauriane, Malaurie, Loïc et Anaïs, leurs quatre petits-enfants. Mais leur gentillesse et leur volonté de servir restent intactes : « On apprécie la convivialité et le partage. Si on nous demande un coup de main, nous répondons présents. »