25/09/2024

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Comme chaque année depuis la mise en œuvre du plan de réhabilitation du parc de l’Aleu, des tailles d’entretien et des abattages ont eu lieu notamment sur de grands arbres de plus de 20 mètres à l’image de certains frênes touchés par une maladie venue de loin.

La population du frêne est en nette régression depuis les années 2000 avec surtout l’apparition de la chalarose du frêne, maladie due à un champignon parasite d’origine asiatique.
Les feuilles infectées sont détruites tout comme les jeunes branches et le houppier. La fragilisation de ces arbres à laquelle s’ajoutent les sécheresses à répétition, affaiblissent le sujet qui ne parvient plus à lutter contre les assauts d’autres causes de maladies et les infestations par des parasites.
D’autres essences sont également vulnérables face aux maladies émergentes apportées par le changement climatique en cours.
Nos frênes disparaissent petit à petit et nos paysages risquent d’être profondément modifiés…

La chalarose, un champignon exotique
Originaire d’Asie, la maladie a émergé en Europe orientale dans les années 1990 rencontrant un nouvel hôte sensible, le frêne commun, sur lequel le champignon prolifère.
De ce fait, la chalarose du frêne connaît un développement important dans les forêts du Nord de la France depuis l’apparition des premiers symptômes en Haute-Saône en 2008. La volatilité des spores facilite sa progression vers le sud et l’ouest de la France.
L’Île-de-France est maintenant fortement impactée. 
Cette maladie est due à un champignon ascomycète microscopique, Chalara fraxinea (forme asexuée) ou Hymenoscyphus fraxineus (forme sexuée), parasite, dont les spores sont transportées par le vent.

(Source INRA A.Dowkiw, C.Grand-Perret)

Quels dégâts ?
Les spores germent à la surface des feuilles, pénètrent les tissus et progressent jusqu’au pétiole. Les premiers symptômes apparaissent. Si le champignon attaque le rameau celui-ci meurt.
Le premier signe est le flétrissement, le déssèchement du feuillage, des pousses et des rameaux.
Des zones nécrosées apparaissent sur l’écorce pouvant détruire des branches entières. Les rameaux infectés tombent au sol et libèrent l’inoculum qui pénètre l’arbre au niveau du collet aboutissant à la mort de ses tissus et de l’arbre lui-même. La présence de ce champignon affaiblit le frêne, le rendant vulnérable et sensible aux autres pathogènes, la mort intervient en quelques années pour un sujet adulte.
Dans un même peuplement on observe une diversité de ces symptômes. L’état des arbres nécrosés au collet se dégrade rapidement de manière irréversible.

Comment lutter ?
Il n’existe pas encore de traitement efficace pour enrayer la propagation de cette maladie. 
Les recherches actuelles portent sur le mode de dissémination du champignon. La sélection d’individus résistants (estimés à 1% de la population de frênes) est une voie d’avenir pour cette essence.



ET AUSSI...
Le frêne n'est pas le seul à pâtir de la présence d'agents pathogènes d'origine exotique et du réchauffement climatique

La maladie de l’encre atteint nos châtaigniers : Deux espèces d’oomycètes, Phytophtora cinnamomi et P.cambivora sont responsables de la maladie de l’encre du châtaignier provoquant une importante mortalité à la fin du XIXe et XXe siècle. En régression depuis les années 50 la maladie inquiète aujourd’hui en Île-de-France. Le climat observé ces dernières années est favorable à son expansion.

Les érables menacés par la maladie de la suie : Le genre Acer est représenté par environ 150 espèces. Lors des périodes de grandes chaleurs, de mai à septembre, les érables des forêts, des parcs et des jardins peuvent être attaqués par des champignons, souvent spécifiques. Ainsi, la maladie de la suie constatée au XIXe siècle au Nord de l'Amérique se propage en Europe depuis le milieu du XXe siècle.

La maladie des bandes rouges en expansion sur les peuplements de pins : La maladie des bandes rouges a été identifiée en France pour la première fois en 1966. En expansion depuis les années 90, on observe en 2017 des attaques de plus en plus prononcées aboutissant à des peuplements de pins desséchés à la sortie de l’hiver.
Deux espèces de champignons ascomycètes de la famille des Mycosphaerellaceae : Dothistroma pini et Dothistroma septosporum sont responsables de la maladie des bandes rouges provoquant une chute des aiguilles de différentes espèces de pins.
Ces dernières années la maladie s’est propagée vers le nord et la région francilienne.

Climat, sol, végétation, facteurs biotiques et facteurs humains ont une incidence sur la santé des arbres. La complexité des écosystèmes et la multiplicité des causes des dépérissements observés ces dernières décennies inquiètent les autorités et sans aucun doute les amoureux des arbres…