21/03/2024

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Si près de 50% des Franciliens sont nés hors Île-de-France, Paulette Baudias, née Couasnon en 1942 revendique haut et fort être née à Saint-Arnoult-en-Yvelines, à l’époque où le gentilé des habitants de la commune était bel et bien Arnoultien et non Arnolphien.

C’est au 52 rue de Paris, devenu depuis le 52 rue Charles-de-Gaulle suite à un changement de dénomination voulu par le conseil municipal du 28 novembre 1970 qu’a vu le jour Paulette Couesnon épouse Baudias. Aujourd’hui à cette adresse se trouve une banque mais à l’époque se trouvait l’hôtel-restaurant du Dauphin Couronné, tenu par ses parents Henri Couasnon et Rolande née Pinguenet. « Mon père avait pris la succession de sa mère Eugénie  Couasnon. L’établissement comptait 5 à 6 chambres et à l’époque de ma grand-mère il servait de relais aux diligences sur la route entre Paris et Tours. Pour chaque attelage, les chevaux devaient être changés tous les 40 km. J’ai passé toute ma vie à Saint-Arnoult, je suis attachée à ma ville et à son histoire. Je suis née Arnoultienne et je mourrai Arnoultienne. Je n’ai jamais été d’accord avec l’abbé Léchauguette et son explication pour faire des habitants de Saint-Arnoult des Arnolphiens !

Depuis 82 ans, c’est mon âge, bien d’autres changements sont intervenus. À l’époque il n’y a avait que deux écoles, les filles à Camescasse et les garçons à la mairie. Lorsque j’étais à l’école la commune comptait 900 habitants. J’en connais l’histoire que j’ai vécue et celle que mes parents m’ont racontée. Notre commune compte encore bien d’autres Arnoultiens de mon âge qui en connaissent aussi un rayon sur son histoire. Parmi mes souvenirs d’enfant, tous les dimanches j’accompagnais Louise Tatourier pour remonter l’horloge de l’église. Elle tenait la bijouterie et l’armurerie à côté de chez mes parents, là où se trouve aujourd’hui la fromagerie de Marie. Mes parents n’ayant pas beaucoup de temps pour s’occuper de ma sœur aînée Madeleine et moi, nous étions souvent chez Louise. Elle faisait elle-même les cartouches pour les chasseurs.lesquels se plaignaient de leur qualité. Elles ne tuaient pas assez de gibier à leur goût et pour cause. Maintenant je peux l’avouer, nous aidions Louise à confectionner les cartouches et la poudre qui les composait était parfois mélangée avec de la cendre de son poêle à bois… Autre confidence, à l’époque le braconnage venait très largement suppléer le maigre butin de la chasse… Chez elle, devant sa vitrine il y avait toujours des chaises sur lesquelles les mamies prenaient place le soir, les commérages menaient bon train.

À cette époque les fêtes étaient nombreuses et elles attiraient toute la population. Toutes les occasions étaient bonnes pour monter un bal plancher et une fête foraine : fête de Pâques, fête Nationale, les communions… La fête de Pâques durait 3 jours, nous disions :
- La fête des Corps Saints le samedi
- La fête des corps saouls le dimanche
- La fête des corps sans sou le lundi
Le lundi il n’y avait plus d’argent pour permettre aux enfants de monter dans les manèges… Tout avait été bu.

Le jeudi il n’y avait pas classe, presque tous les enfants se retrouvaient au catéchisme le matin et au patronage l’après-midi. C’était comme l’accueil de loisirs aujourd’hui.  L’encadrement était assuré par des bénévoles, c’était l’époque des promenades, des ateliers couture, des films muets et des aventures de Sylvain et Sylvette.

À l’école deux instituteurs arrivaient de Bretagne, ils habitaient au-dessus de la mairie. Ils s’ennuyaient après les cours, ils ont donc créé une compagnie de théâtre, « Les Tréteaux de Saint-Arnoult ». Je me suis impliquée dans la troupe puis ensuite dans la musique, « l’Avenir de Saint-Arnoult », créée par celui qui allait devenir mon futur mari, Gérard Baudias, nommé plus jeune chef de musique de France à l’âge de 15 ans. Son instrument de prédilection était la trompette. L’ensemble a compté jusqu’à 82 musiciens, tous présents le 16 juin 1965 pour accueillir le Général De Gaulle venu à Saint-Arnoult-en-Yvelines suite à la loi du 10 juillet 1965 portant sur la réorganisation de la région parisienne avec notamment la  création des deux nouveaux départements, l’Essonne et les Yvelines.

« l’Avenir de Saint-Arnoult » était de sortie pour toutes les fêtes de la commune et des alentours, Sonchamp, Ponthévrard, la fête des vendange à Évry, le concours de musique à Pithiviers et la fête du Muguet de Rambouillet ».

Très attachée à l’histoire de sa commune, une fois la retraite arrivée, Paulette adhère alors à la Société Historique et Archéologique mais aussi aux Ateliers Artisanaux en 2002, dont elle prendra la présidence quelques années plus tard. " Je préside les Ateliers Artisanaux depuis une quinzaine d’années, l’organisation du premier marché de Noël date de cette époque. C’est la grosse organisation annuelle de l’association. Son renom et sa popularité nous garantissent chaque année plus d’exposants que ne peut en contenir le Colombier. Nous comptons différentes sections : couture-tricot-crochet, cuisine, sorties culturelles et gastronomiques, peinture sur tous supports et auxquels prennent part une centaine d’adhérents.

Lors des quelques moments de temps libre qu’il me reste, je m’attache aussi à retracer quelques pans de l’histoire de la commune. Je rédige des notes. Ainsi j’ai répertorié les 11 pompes à eau que comptait la commune à une époque, certaines sont d’ailleurs encore en place. J’estime qu’il est important de ne pas oublier le passé, de savoir d’où nous venons. Aujourd’hui, la Société Historique de notre commune doit veiller à ne pas sombrer à son tour dans l’Histoire, il est essentiel d’assurer la relève en son sein ".