27/09/2023

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À l’approche d’Halloween, votre magazine l’Éclair tente de réhabiliter quelques petits animaux de notre quotidien à la mauvaise réputation non justifiée. Chouettes, chauves-souris, serpents, crapauds, insectes et araignées sont élus d’office au palmarès des animaux qui n’ont pas la cote. Comme les loups, ces petits animaux traînent avec l’Homme une longue histoire jonchée de peurs… Cervidés, écureuils, hérissons ou encore passereaux provoquent au contraire l’admiration et la sympathie.

Véritable paradoxe, la crainte des petits animaux de notre environnement subsiste encore au XXIe siècle alors que l’Homme acquiert de plus en plus de connaissances et a écarté nombre de dangers concernant toutes ces espèces. Il y a la phobie, une peur irrationnelle, parfois ancestrale, liée aux dangers réels ou puisée dans l’imaginaire. Il y a la crainte et la peur d’un animal prédateur souvent entourées d’histoires et de légendes. Il y a aussi cette angoisse que l’on ne s’explique pas, liée à l’aspect, aux cris, aux mœurs…
Pourtant en forêt ou autour de nous, tous, sympathiques ou pas, sont les bienvenus, tissant cette toile du vivant où tout s’imbrique et s’interconnecte. N’oublions pas que ces animaux nous fuient car nous ne représentons pas des proies pour eux… généralement. Entre peur de l’Homme mais aussi défense de son territoire, de sa progéniture ou de sa vie, l’animal va adapter son comportement comme nous le ferions également, poussés par l’acquis, l’apprentissage, l’expérience et l’inné.

Pourquoi a-t-on peur de la chouette et des autres rapaces nocturnes ?
Cachés le jour, en chasse au crépuscule, avec des émissions vocales diverses entre chuintements, hululements ou ronflements, associés au malheur et à la mort, ils ont engendré la peur et la haine jusqu’à très récemment sur notre territoire. 
Persécutée et tuée, la chouette effraie, petit fantôme clair survolant les cimetières, les ruines et les lieux déserts a payé un lourd tribut. Le même sort a été réservé à la chouette hulotte appelée aussi chat huant, aux hiboux ou à la petite chouette chevêche pourtant symbole de sagesse durant l’antiquité, dont le regard perçant savait sonder l’âme des coupables.
Ces temps paraissent révolus, mais il reste encore quelques superstitions tenaces et infondées qui alimentent la haine. Mais en règle générale, la connaissance de ces espèces et de leur rôle de régulation sur les populations de petits mammifères redonne toute noblesse à leur présence.
Proches de notre ville, les espèces que l’on peut rencontrer sont la chouette hulotte, effraie, chevêche, hibou moyen-duc et le hibou des marais, plus discret. 
Diurnes et nocturnes, plus d’une quinzaine d’espèces de rapaces niche en Île-de-France dont certaines sont timidement de retour avec des effectifs extrêmement fragiles.  

Et les chauves-souris ? 
Elles quittent leur cachette à la tombée de la nuit et parcourent, grâce à leurs ailes membranneuses, la campagne et les espaces urbains autour des plans d’eau et des réverbères. 
Ces « demoiselles » sont assimilées aux vampires dans de nombreuses régions du monde. Trois espèces vivant en Amérique tropicale sont hématophages, se nourrissant du sang des oiseaux et une espèce, Desmodus rotondus de celui de plus gros animaux comme le bétail. Elles avaient aussi la réputation de s’emmêler dans les cheveux des femmes… Que de légendes et de craintes qui ont alimenté cette peur !
Chez nous elles sont d’infatigables chasseresses d’insectes et leur vol rapide et précis leur permet de contourner tous les obstacles grâce à un système radar (écholocalisation) très perfectionné. 
En une nuit, une chauve-souris peut consommer près de la moitié de son poids en insectes variés tels que les moustiques et les papillons de nuit, dont beaucoup d’espèces se développent aux dépens des cultures et  des arbres fruitiers. Elles représentent d’excellents insecticides naturels.
En France, les 35 espèces de chauves-souris sont protégées.

Pourquoi les « sssssssserpents » ?
Les serpents ont été vénérés durant l’égypte antique, sacrés dans l’antiquité, associés à la médecine mais aussi au péché originel dans le monde judéo-chrétien. Ils sont aussi géants dans les contrées lointaines et surtout dans les légendes. Avec sa langue bifide, le serpent est considéré fourbe. L’expression « avoir une langue de vipère » dénote une personne médisante et méchante. 
Rampants, froids, méconnus, parfois venimeux, les serpents sont victimes de rumeurs tenaces… Il n’en faut pas plus pour que notre serpent traîne encore derrière lui toutes les peurs et les craintes surgissant de l’imaginaire des hommes.
Et qu’en est-il chez nous ?
Les vipères sont venimeuses, les couleuvres sont dépourvues de glandes à venin mais portent la même image.
Toutes ces espèces locales fuient en cas de danger, peuvent également faire face en sifflant mais n’attaquent pas, sauf dans quelques cas, comme quand on met le pied dessus par inadvertance.

Pourquoi les crapauds ?
Les crapauds assuraient le lien entre les sorcières et le diable. Ils mijotaient dans le chaudron pour la fabrication des potions. Ils étaient associés aux verrues, à la bave et à l’urine, le tout aux vertues mortelles. 
Le Crapaud commun est essentiellement terrestre. Il migre vers les mares et les étangs qui l’ont vu naître, entre février et avril. Les œufs (de 5 000 à 7 000 par femelle) sont déposés dans l’eau, attachés les uns aux autres en un cordon. C’est un chasseur de petits arthropodes comme insectes, araignées ou mille-pattes, chenilles mais aussi limaces et escargots. Plutôt nocturne, il passe sa journée et l’hiver caché dans un terrier ou un trou qu’il creuse. 
Les crapauds ont une peau couverte de sortes de « verrues » formées par des glandes dites parotoïdes capables de secréter un venin protecteur contre les prédateurs, éjecté dans le cas d’une menace. Ce venin ne traverse pas notre peau, il est donc possible de manipuler l’animal, mais il est toxique en contact avec les muqueuses (yeux, bouche).

Pourquoi les insectes ?
Certains ont bonne presse comme les abeilles, papillons, cigales ou les coccinelles. D’autres sont embêtants comme les moustiques, guêpes, frelons, mouches, puces, doryphores, capricornes, pucerons, etc. Et certains sont parfois dangereux, par leurs piqures ou les maladies qu’ils transportent.
Leurs formes corporelles et la relation de certains avec la putréfaction ne les rendent pas très attachants. On les qualifie de ravageurs, nuisibles, espèces invasives, dévastatrices, venimeuses, qui ne représentent en fait que quelques espèces seulement : moins de 400 espèces sur 2 millions dans le monde.
Ils sont pollinisateurs, nettoyeurs, prédateurs et leur petit monde vit en relation avec le nôtre. Ce sont des ouvriers indispensables et leur disparition massive, relayée par les études et les scientifiques, nous met tous en danger, de même que les autres formes de vie. Changeons notre regard.

Pourquoi l’araignée ?
Elle a peut-être la palme d’or de l’animal qui suscite peur, haine et phobie. On la pense noire, velue, avec de longues pattes, venimeuse, fréquentant les lieux sombres, capturant sournoisement ses proies… Elle a aussi suscité l’admiration dans d’autres contrées ou d’autres temps. En Inde, en Afrique, en Sibérie ou Colombie par exemple elle est dotée de pouvoirs divinatoires ou symbolise l’âme.
Quant à la campagne elles font partie du décor aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons, en ville beaucoup de gens n’en connaissent guère qu’une ou deux espèces comme la tégénaire souvent piégée dans les baignoires ou le pholque phalangide, fin, gracile aux pattes immenses caché sous les meubles, installé dans les caves et les greniers. Impressionnantes, inoffensives et si efficaces pour attraper les insectes indésirables ! Peut-être devrions-nous nous pencher sur leur physionomie et leurs mœurs si complexes .
C’est effectivement l’étude de toutes leurs particularités, leurs aptitudes et habitudes de vie qui permet de réhabiliter « Madame et Monsieur 8 pattes ». 
L’importance de l’impact des araignées sur la régulation des populations d’insectes n’est plus à démontrer. À l’heure de l’utilisation encore massive de pesticides et de la disparition avérée des insectes, les araignées sont d’excellentes indicatrices de la santé des milieux.
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