Histoire : la ruelle Triquedame.

Qui en passant ruelle Triquedame ne s’est pas interrogé sur la signification du nom de cette voie qui fait certainement partie des plus anciennes de la commune ?

Dans son ouvrage de 1932 intitulé « Histoire de Saint-Arnoult », préfacé par Monseigneur Roland-Gosselin, Évêque de Versailles et dont le produit de la vente était destiné à la restauration du clocher de l’église Saint-Nicolas, G.R.C.* rappelle que « La Ruelle Triquedame était proche du siège de la justice ». « Triquer les Dames n’était pas le fait d’exécuter les pénitences » ? Le sens accordé à « trique » étant alors le gros bâton pour frapper. 
À moins que « trique » soit pris dans son sens rabelaisien, accolé à Dame, il désignerait alors une ruelle peu recommandable…
Pour les yeux les plus chastes, le dictionnaire étymologique Robert nous apprend que Triquedame s’écrit également Trique-Madame ou Trippe-Dame, une autre appellation commune de l’Orpin blanc, une plante rhizomateuse de la famille des SEDUM que l’on trouve principalement sur les rocailles et les vieux murs.  Les pierres entourant l’église étaient-elles couvertes d’Orpin blanc ? Toujours est-il qu’on en trouve aujourd’hui. Ce qui est vraisemblable, c’est que cette ruelle fait partie du réseau de desserte le plus ancien de la commune. Il faut d’ailleurs remonter en 1545 et 1564 pour retrouver l’appellation Trippe-madame ou Trique-Madame.  
En 1866, Victor Hugo écrivait : « Il avait vu des Trique-Madame en fleur, chose assez rare pour la saison », (Les Travailleurs de la mer, 1866, page 124). 
En page 252 des « Grandes heures de la cuisine française (1964) : « Trippe-Madame (…). Très employée au XII^e siècle dans les salades, on l’a complètement abandonnée depuis comme aliment » (Éluard-Valette).
La bienséance voudrait nous inciter à retenir cette version botanique de Triquedame. Mais chacun est libre de faire son choix voire de trouver une autre explication à cette énigme.

​​​​​​​* : Qui se cache derrière ces initiales G.R.C ? La réponse le mois prochain.

Source : Ouvrages de la Société Historique et Archéologique de Saint-Arnoult-en-Yvelines.