21/11/2024
Cela fait des décennies que le terme biodiversité est présent dans notre quotidien. Mais savons-nous ce qu’est la biodiversité ? Quelles estimations ? Par qui ? Comment ? Quel bilan ?
Quelques réponses et quelques chiffres clés pour savoir, comprendre et agir.
La biodiversité désigne la variété et la diversité du vivant au sein de la nature. L'utilisation de ce terme, depuis 1986, coïncide avec la prise de conscience de l'extinction d'espèces au cours des dernières décennies.
La diversité biologique comporte trois niveaux :
- La diversité génétique, qui correspond à la diversité des gènes au sein d'une espèce.
- La diversité spécifique qui correspond à la diversité des espèces.
- La diversité écosystémique qui correspond à la diversité des écosystèmes présents sur terre.
Le gène est l'unité fondamentale de la sélection naturelle, donc de l'évolution, mais en pratique quand on étudie la biodiversité sur le terrain, l'espèce est l'unité la plus accessible.
Le nombre total d'espèces sur la planète est inconnu. Les estimations varient entre 10 et 100 millions, 15 millions étant le chiffre généralement accepté. On connaît aujourd'hui environ 2 millions d'espèces.
Le nombre des espèces qu'il nous reste à découvrir est donc extrêmement important, mais le rythme des découvertes varie en fonction des groupes zoologiques.
UICN ?
Première organisation mondiale consacrée à la conservation de la biodiversité à l'échelle planétaire
L'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses ressources) fondée par l'UNESCO en 1948 à Fontainebleau, est la première organisation mondiale consacrée à la conservation de la biodiversité à l'échelle planétaire. Devant l'accélération des disparitions d’espèces vivantes l'UICN publie dès la fin des années 60 les Livres rouges des espèces végétales et animales menacées. En 1994, l'UICN définit 8 catégories mesurant le degré de risque de disparition auquel une espèce est exposée.
Chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories suivantes : Éteinte (EX), Éteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE).
La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système.
Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition. Ces facteurs sont étudiés par les spécialistes des groupes concernés aux niveaux mondial, national ou régional sur la base des travaux scientifiques publiés.
LES LISTES ROUGES DE L'UICN : MONDIALE, NATIONALES, RÉGIONALE
Liste rouge mondiale
« La Liste rouge de l’UICN (https://www.iucnredlist.org ) constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde. »
« Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces. »
La Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dresse chaque année la liste "officielle" des espèces éteintes ou en danger d’extinction.
Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale (version 2024.2), sur les 166 061 espèces étudiées, 46 337 sont classées menacées (https://www.iucnredlist.org).
Parmi ces espèces, 41% des amphibiens (grenouilles, tritons), 34% des arbres, 12% des oiseaux et 26% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 37% des requins et raies, 44% des coraux et 34% des conifères (sapins, pins).
Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 2 434 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et surtout en outre-mer.
Source : uicn.fr/liste-rouge-mondiale
Liste rouge nationale (métropolitaine), France
« Établie conformément aux critères internationaux de l’UICN, la Liste rouge nationale dresse un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces en métropole et en outre-mer. Elle permet de déterminer le risque de disparition de notre territoire des espèces végétales et animales qui s’y reproduisent en milieu naturel ou qui y sont régulièrement présentes.
En France métropolitaine, 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens et 32% des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition du territoire. Tout comme 19% des poissons d’eau douce et 28% des crustacés d’eau douce. Pour la flore, 15% des espèces d’orchidées sont menacées. »
« L’état des lieux se décline en chapitres par groupes de plantes ou d’animaux et géographiques (métropole, Guadeloupe, Réunion, Polynésie française…). Il mobilise l’expertise des spécialistes de la Commission de sauvegarde des espèces du Comité français de l’UICN et des scientifiques du Muséum. Il repose également sur un travail collaboratif impliquant de nombreuses organisations, parmi lesquelles la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la Société herpétologique de France (SHF), la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM), l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), l’Office français de la biodiversité (OFB)… ainsi que les nombreuses organisations de référence en outre-mer.
La Liste rouge nationale est un outil essentiel pour identifier les priorités, guider les politiques et les stratégies et plans d’action, et inciter tous les acteurs à agir pour limiter le taux de disparition des espèces. Elle contribue à mesurer l’ampleur des enjeux, les progrès accomplis et les défis à relever pour la France. »
Source : uicn.fr/liste-rouge-france
Liste rouge régionale, Île-de-France
« Les Listes rouges ont vocation à présenter un état des lieux pouvant servir de base à la priorisation d’enjeux de conservation. L’élaboration d’une Liste rouge comporte également une notion de dynamique temporelle, puisque cet outil est prévu pour être réexaminé tous les cinq ans, ce qui permet d’apprécier les progrès accomplis dans la conservation des espèces, ainsi que les efforts à poursuivre.
Si cet outil est mis en place au niveau national, européen, voire mondial, l’échelon régional a tout autant d’intérêt pour offrir une vision contextualisée des menaces qui pèsent sur les espèces et permettre la prise en compte de ces dernières à un niveau plus local, qui est également celui de l’aménagement du territoire. »
Source : www.arb-idf.fr/article/des-listes-rouges-regionales-pour-lile-de-france
QU'EST-CE QUI IMPACTE LA BIODIVERSITÉ ?
La dégradation ou la disparition des habitats suite à la déforestation, à l’assèchement des zones humides, à l’urbanisation excessive qui empiète toujours plus sur les milieux naturels, est la principale menace sur la biodiversité.
La pollution des sols, des rivières et de l’atmosphère par l’utilisation croissante de pesticides et l’industrialisation croissante avec l’augmentation exponentielle des microplastiques relâchés dans l’environnement sont des facteurs aggravants.
Dans le même temps toutes les introductions d’espèces fortuites ou volontaires, par exemple pour lutter contre un envahisseur, s’avèrent extrêmement dangereuses à un moment où la mondialisation ouvre les portes de la conquête de tous les continents à nombre d’espèces, ravageurs et pathogènes…
Enfin, dans ce contexte, le changement climatique, entre déficit hydrique, inondations, augmentation des températures, tempêtes, incendies et sécheresses, est un facteur qui amplifie l’ensemble des menaces sur la pérennité des espèces.
C’est pourquoi l’ensemble de la communauté scientifique mondiale indique que nous connaitrions, à l’heure actuelle, la sixième extinction de masse des organismes vivants, après la 5ème qui était celle de la disparition des grands dinosaures…
Source : mnhn.fr/fr/actualites/sixieme-extinction-7-des-especes-probablement-deja-disparues